Toutes ces metrics, ces analytics, toutes ces stratégies qu’on utilise pour se rassurer quant à la pertinence d’un projet. C’est un peu comme Luke Skywalker et son ordinateur de bord. En réalité quand on innove, quand on fait quelque-chose de substantiel on le sait. C’est très étrange mais c’est comme ça. L’intuitif est un serviteur plus fidèle que la raison.
Qu’on veuille maximiser ses profits, son CA en “répondant à un marché” est tout à fait compréhensible du point de vue de la réalité matérielle de nos sociétés. Et ce sont des enjeux importants qui constituent un mal nécessaire. Mais si le sujet c’est le progrès humain et notre trajectoire anthropologique alors il faut ranger tout ça et batailler avec le cœur et la raison. Il n’y a pas de raccourci pour appréhender un art avec sincérité.
On dit souvent qu’il faut faire ce qu’on aime, ce qui nous passionne, c’est sans doute un critère important. Mais en réalité nous avons également une responsabilité foncière de faire avancer l’état de l’art là où nous sommes. La passion s’éteint plus tôt que le sens du devoir. Si vous atteignez un niveau substantiel il est de votre responsabilité de porter la croix jusqu’au bout, vous le devez à vos semblables, ceux du passé, ceux du présent et ceux de l’avenir.
Il faut sortir de ce dogmatisme du bien être et réengager avec l’histoire, avec le progrès, avec le combat. La mondanité si elle est seule en scène est une décadence qu’il nous faut combattre dans nos quotidiens. On vous dit “faites ce qui vous passionne”. En réalité la passion n’est pas suffisante et creuse le manque dans vos cœurs. Faites ce qui est juste et faites le avec sincérité à l’abri du regard, par amour pour vos semblables et vous même.
Réinventer la télévision ne sera pas une partie de plaisir tous les jours, mais nous le devons à nos semblables. Si il y a une chance infime d’y arriver il faut y aller parce qu’un projet important vaut la peine d’être mené même si la démarche est imparfaite et entravée.
Benjamin Arnaud